Quelle belle journée bien belle aujourd'hui. Une parfaite journée parfaite, dirait l'autre. Je n'ai pas arrêté de fumer, ni de boire, ni de me prendre la tête sur un peu tout. Ca me donne au moins une contenance. Je ne me sens pas vide, je suis juste seul avec ma connerie.

Et je sors Et je drague Comme on crève
Avec tellement de choses à regretter
Comme ta langue sur mes lèvres
Et mes mains sur tes poignets
Dis moi que puis-je y faire si je n'sais faire que traîner

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Méthode simple pour expliquer sa vie par des citations et des chansons. Laissons les autres faire le sale boulot. On pourrait évidemment se demander quel est le but d'expliquer sa vie, il se rattacherait à celui de la raconter, chercher une écoute, une aide. Un soutien, des points communs avec d'autres. Je ne serai pas assez acide pour dire que ça occupe les froides soirées hivernales devant son écran, mais il y a un peu de cela quand même.
A vrai dire, le but même de Miossec, de Kayna, de Saez, de Nada Surf, de Kyo ou de Biolay (il y en a qui se reconnaissent), c'est justement que vous vous reconnaissiez dans leurs paroles. Problème, Miossec c'est pour les post-ados, Miossec ne montre pas son caleçon à la télé, Miossec ne se maquille pas en sk8ter boy ou en Lucifer de supermarché pour raconter sa vie à travers les nôtres. Mais ça, ça ne plaît pas à Cryingangel752. Et ça n'empêche pas des ados d'écouter Miossec. Sont-ils réellement moins stupides ? Et si Miossec montrait son caleçon à la télé ?
Tout de même, c'est bien la musique. Méthode simple pour gâcher dix lignes qui ne mènent à rien, juste pour donner un peu de contenance à son article.

Sur les Skyblogs, toutes les filles paraissent heureuses avec leur bande de potes, leurs sorties en roller dans Paris, leurs préoccupations qui paraîssent un peu futiles mais qui sont simplement toutes simples et qui évitent de passer pour un arrogant tout gris acnéique occasionnel qui casse du jeune con en Tahoma 10.
Essayer de tout comprendre, de tout disséquer, chaque comportement, chaque sensation, fait perdre un peu du naturel qu'on peut ressentir instantanément. Comme prendre une photo d'un lieu magnifique ou filmer un opéra, ça empêche de vraiment profiter du plaisir direct, celui qui prend aux tripes et pas seulement aux neurones.

Alors j'en viens parfois à envier roxbaby, klatboy ou jujunumbertwo, parce que même s'ils subissent de plein fouet avec pas toujours le recul tous les aléas qui peuvent nous concerner, ils savent encore profiter simplement de choses simples, et prendre du plaisir en idolâtrant Legolas, en écoutant Kyo, en méprisant Lorie, en étant nul en anglais, en invitant des copines à dormir à la maison, en ne comprenant pas grand chose à l'explication d'un tableau de Staël. Méthode simple pour dire que, oui Camilla, j'ai beaucoup aimé lire Page.
Mais ça ne serait pas de la stupidité, le recul n'y est pour rien, la connaissance non plus. Ce serait plus une simple curiosité du monde, ne plus en être blasé. S'ouvrir aux nouveautés, profiter de son temps, s'ouvrir aux autres, partager son Twix à défaut d'échanger son avis sur Kant. Par extension, savoir un peu plus sourire, ne plus se perdre soi-même dans les méandres de son cynisme, savoir un peu plus aimer, et laisser les yeux sensibles du Candide s'émerveiller devant les verts vallons qui ornent nos coeurs de pierre. Je remercie l'Académie.

Je n'ai pas à me plaindre. J'aurai une bonne note à mon oral de français, l'écrit dépendra de mon état d'esprit du jour, je bachoterai les sciences. J'ai eu 19 en anglais, je me passionne de plus en plus à l'histoire qui devient enfin un minimât contemporaine, je me complais de plus en plus à faire le gogol chez Pierre, devant Julie et Laura, à améliorer mon accent allemand chez le père Lefebvre. Après, les visites chez l'infirmières, chez les psys, les absences en tout genre, les regards inquiets de ma prof d'anglais, ce n'est que de la contenance. Même pas un désir hystérique de vouloir se démarquer à tout prix, juste un plaisir personnel, un esprit de contradiction un brin manipulateur.
Non, je ne vois que du bien dans les autres. Oui, j'apprécie passer du temps avec quiconque. Oui j'aime qu'on me plaigne, oui j'aime qu'on m'écoute, qu'on m'encense, être le centre de l'attention. Ce n'est peut-être pas l'unique solution pour passer avec plaisir ces "dures années de jeune pubère", moi je m'en conviens totalement.

Je vais avoir mon bac et me reperdre dans une masse estudiantine encore plus importante, et plus personne ne sera là pour me plaindre ou me complimenter. A part mes humeurs changeantes de mégalomanie arrogante et de dévalorisation larmoyante. Et j'irai aider Tolbiac à manifester contre la réforme de l'Université avec Jon tout en dénigrant ces jeunes révoltés incapables avec Pierre. Je sais ce qu'il me manque, c'est le juste milieu, la part des choses. "Pas de médicaments particulièrement pour vous, mais je vous conseille la relaxation, la sophrologie, redevenir maître de soi par la maîtrise et la compréhension de son corps, de sa respiration, par des mises en situation, c'est plutôt violent et ça aide à rester aussi lucide, mais d'une autre manière".
Je continue quand même de carburer aux fortifiants.

Je voudrais pouvoir danser comme sur de la techno en écoutant Miossec.
Pour le moment, pour moi, pour vivre,
Il me suffit de respirer.