Article du 20/03/2004
Le vent frais comme je l'aime, il souffle avec constance et glisse sur ma peau pendant que je flâne, et il ne souffle que les jours bleus. Aujourd'hui, la neige est grise, l'herbe est jaune et les Verts à 6 %. Dimanche, j'irai donner mon coup de main dans les (b)urnes puis j'irai bouquiner sur les hauteurs des Halles à Paris, sur les rebords un peu glissants au dessus du cinéma. Ce sera Sollers ou ce ne sera pas. Ce sera sûrement sous la pluie mais je serai accompagné.
Conséquences de la sédentarité, les anges qui passent dans nos conversations sont désormais eux aussi en surpoids. Entre quatre yeux et deux bières, elle me parle de Tim Burton, du papier peint dans la cuisine et je dévie sur l'orgasme des libellules et les jars islandais, Beckett n'est jamais loin. Pour le cliché, on lit Libération à deux dans le canapé tous les soirs lorsqu'elle se blottit dans mes bras et que j'attends qu'elle finisse chaque page. Je la voudrais un peu plus brune, elle me voudrait un peu plus musclé, ça reste toujours de bonne guerre. Mais l'idéal n'est-il pas sans attaches, je m'en séparerai. Et je partirai à Copenhague avec un bus Eurolines convertir une danoise aux rillettes du Mans. Comme un nouveau trophée au-dessus de la télé, un nouvel alinéa dans le CV rubrique "hobbies". Les verres sont finis alors je les range comme j'empile les assiettes, les livres, les CDs et les chemises. J'essaie d'organiser la paresse pour éviter le désordre de l'ennui. Dans le lit, les anges ronflent et la bohème dérape un peu. Comme un petit poème en prose, dans ses yeux clos je vois du gris. Et à la voir endormie, on en oublie tous les fards, comme ce sont des jolis mots pour dire que ton regard m'ennuie.
Alors après les longues pauses, c'est des regards un peu perplexes. Ces regards que je préfère par lâcheté cacher derrière Sollers. Dimanche, je coucherai avec Philippe dans un lieu public pour ne pas me dire qu'en fait, c'est vrai, c'était bien alors adieu. Je m'allongerai sur un banc pour me marginaliser un peu et si le vent ne vient toujours pas alors je glisserai sur le rebord comme j'ai glissé sur sa peau. Et si le ciel devient tout gris, alors tant pis.
Pour se faire plaisir :
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