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Sous les vents de Neptune
--> de Fred Vargas

Article du 28/03/2004

Après avoir pris un Rhinadvil et un Rhinofébral à 16 heures (heure d'hiver) le samedi, je me réveille avec un mal de crâne le dimanche à 9 heures (heure d'été), pas moins enrhumé.
Sur le clavier, il y a quelques cendres. Je recrache la fumée directement sur l'écran, comme pour faire une deuxième couche. Je ne trouve pas de musique pour fêter le beau temps, je me sens de faire des folies. Hey Ya, je vais ranger mon foutoir ? Je vais faire des abdos ? Hey Yaah, je suis déjà fatigué.

J'ai fini Philippe. J'ai emprunté Nadja à Pierre mais je n'irai pas sur la butte aujourd'hui. Mes horizons coûtent 3.90 € aller-retour. Mon moral tient pour 5.30 € tous les trois jours. Alors il va falloir occuper le dimanche. Quadrilemme cornélien pour oublier la proéminence de mes mamelles : les 18 ans de Ca Cartoon ? Un shampooing orgasmique ? Dalida à fond les écoutilles ? Répandre mon fiel sur une bonne trentaine de blogs ? Dormir, sortir, seul ?

"Cessez ce leurre d'infantilisme" m'écrivit Jean-Charles. Je vais continuer comme je l'ai toujours fait, ce ne sera peut-être plus un leurre. J'ai tout pour profiter de ma puérilité. Tous mes souvenirs sont bons, je ne suis pas célibataire, il y a du coca au frigo, il ne fait pas trop chaud, je n'ai même plus envie d'écrire, c'est dire. L'infanticide n'aura pas lieu, l'ennui dominical en rajoute une couche.
Je vais appeller Anouk ? M'allonger dans la roseraie, seul ?
Je vais appeller Pierre ? M'allonger dans son canapé, dormir ? Seul ?

Et tout qui se résume alors. Le long-terme ne m'effraie pas. Tout ira comme c'est toujours allé. Ma faculté est un choix. Mon déjeuner de ce midi est un choix. La radio que j'écoute est un choix. Je n'ai rien à chercher, je n'ai rien à trouver, j'ai tout à choisir. Alors j'enfonce des portes ouvertes pour voir ce qu'il y a de l'autre côté et je continue en ligne droite en m'arrêtant de temps en temps, pour un demi, pour une clope, pour un calin, pour une photo. Et il fait beau, et il y a du vent, et l'herbe m'appelle plus que mon lit, comme une couche, pour buller. Quand le moment m'ennuie, quand le suivant fait de même, il ne me manque plus qu'un parfum un peu mièvre dans l'air pour que j'aille à la fenêtre, pour que je saute sur mon téléphone, pour que je me change un peu les idées. C'est juste le goût d'en vouloir un peu plus quand on en sait assez. On sait, alors on ne se pose plus de questions et on ouvre la porte de son fumoir pour aller chercher l'aspirateur.

Je vais ranger mon foutoir et je vais appeller Anouk. Ou peut-être Pierre. Bon, je vais d'abord ranger mon foutoir. J'aspire et je respire l'été et ses souvenirs, je me dis que c'était bien et qu'on va pas en faire un drame, je me dis que je suis pas encore tout naze vegra demer si je peux encore apprécier me laisser caresser les chaussettes par l'air frais. C'est peut-être pas encore assez fleuri, il n'y a peut-être plus assez de poulet, mais ça fait du changement.

Et à défaut d'être original, c'est à peu de choses près comme on voulait que ça soit. Alors on en profite ; on ne se vante pas d'être infantile mais on se rassure d'en être apparemment encore un. Et on n'aspire seulement la couche de poussière.

Here's the silhouette the face always turned away
The bleeding color gone to black, dying like a day
Couldn't figure out what made you so unhappy
Shook your head to say no no no
And stopped for a spell
And stayed that way

I got pictures, i just don't see it anymore
Climbing hour upon hour through a total bore
With the one i keep where it never fades
In the safety of a pitch black mind
An airless cell that blocks the day

If you a get a feeling the next time you see me
Do me a favor and let me know
'Cause it's hard to tell
It's hard to say

Elliot Smith


Écrit par Novembre, le Jeudi 1 Avril 2004, 23:36 dans la rubrique Inerte au Malibu.